Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

420 UN HIVER À PARIS SOUS LE CONSULAT. Femme rit d'un époux trop doux,

Et rit encor plus d’un jaloux.

Harpagon n'a ri de sa vie,

Mais on rit à son agonie;

Sa riante succession

Fait rire tous ceux de son nom.

Rions, rions jusques aux larmes;

Les ris ont pour moi tant de charmes. Et j'ai tant ri, qu'à mon trépas

Mes héritiers ne riront pas!

Mais on ne rit de bon cœur qu'avec les Français d’autrefois: c’est ainsi que j'ai ri, en revoyant l’Amphitryon de Molière. Je n’irai pas jusqu’à dire, avec l'abbé Geoffroy, que le comique français surpasse Plaute et Térence ; mais son naturel parfait, sa franche originalité m'ont procuré une soirée des plus divertissantes, grâce au jeu de plusieurs acteurs fidèles aux bonnes traditions. Dazincourt-Sosie s’est montré fort plaisant (1), dans le genre français, bien entendu; car il ne cherche nullement, comme notre Becker dans les Adelphes de Térence, à donner à son rôle une physionomie antique.

(4) Dazincourt joua pour la première fois le rôle de Sosie le 22 ventôse an XI (13 mars 1803); il le partagea ensuite avec Dugazon. La Rochelle jouait Mercure.