Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

XXX VII

19 mars 1803.

Je profite du beau temps, qui est revenu, pour revoir quelques monuments et faire de grandes promenades hors ville.

On commence à réparer l'intérieur de Notre-Dame, saccagée par les vandales de 1793. Les belles clôtures en bronze du chœur, brisées par eux, sont provisoirement remplacées par une clôture en bois qui a été construite à l’occasion de la première entrée officielle de Bonaparte dans la basilique. Sur l’un des côtés du chœur, les piliers de cette clôture supportent une estrade où le Premier Consul et sa famille ont pris place. Les murs de l’église se regarnissent peu à peu de tableaux, et l’on a entrepris la restauration des sculptures mutilées par les Jacobins.

En allant de Notre-Dame au Panthéon, j'ai passé par le jardin du Luxembourg. Il était, comme jadis, rempli d'enfants, de vieillards, de petits bourgeois; mais les arbres magnifiques sous lesquels nous aimions à nous promener autrefois ont été presque tous abattus, afin de chauffer les cuisines des coryphées révolutionnaires. On fait de nouvelles plantations pour combler les vides ; on trace une sorte de jardin anglais, auquel la conformation du sol est d’ailleurs peu favorable, et l’on dispose des pelouses en contre-bas, encadrées de revêtements en