Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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pierre au-dessus desquels sont établis les allées. Le jardin a été considérablement agrandi par des démolitions. De toutes parts, du reste, les démolisseurs sont à l’œuvre pour faire pénétrer l'air dans les rues étroites de la vieille cité. Les constructions irrégulières qui encombraient le Carrousel ont aussi disparu avec le joli hôtel du banquier Laborde (1).

On travaille activement, dans le grand palais du Luxembourg, à l’installation du Sénat conservateur et des appartements du second Consul. Jusqu’à présent le Sénat se réunissait au petit Luxembourg. On nous a ouvert la future salle des séances, déjà garnie de sièges et de banquettes; les consuls y occuperont une sorte d’estrade : un très beau fauteuil de forme antique et un pupitre dans le même style sont destinés au Premier Consul; deux fauteuils modernes, à droite et à gauche, sont réservés aux autres consuls. À côté de la salle des séances se trouve une pièce qui m'a semblé un bureau ; jy ai remarqué, affiché contre un mur, le règlement du service intérieur de Saint-Cloud. Il contient des prescriptions minutieuses sur la circulation et le stationnement des voitures et des chevaux, sur le nombre des domestiques qui doivent se tenir dans l’antichambre de Bonaparte et dans celle de sa femme. Dix-huit domestiques, laquais, valets de pied, courriers, écuyers. Aux Tuileries, la domesticité est beaucoup plus nombreuse. Ce règlement placardé dans l’enceinte du Sénat pourrait suggérer des réflexions piquantes; je me borne à noter qu'aucun détail de ce genre ne figure dans la Vie de Gustave-Adolphe,

(4) L'opulent Laborde, ancien banquier de la cour, avait aussi bâti, en 1782, le château de Méréville prés Étampes, en transformant en magnifiques jardins, dont on aperçoit les restes, les marais qui entouraient une vieille bâtisse sans caractère.