Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

XXXVIIT

29 mars 1803.

Il y a en ce moment une série de jours tièdes qui attirent les citadins sur les promenades. De midi à trois heures, les Tuileries et les Champs-Élysées sont couverts de promeneurs de toute catégorie, des plus élégants aux plus modestes. Pour moi, qui me lance volontiers dans les excursions lointaines, je trouve parfois le temps trop chaud; mais il est à souhait pour le promeneur parisien, arpentant la même allée du haut en bas, sans se presser, se bornant à jouir du grand air et du spectacle qu'offre la foule en mouvement.

Cet après-midi, j'ai eu l'inspiration malheureuse de m’enfermer à l’Oratoire, pour assister à une séance de société savante. L’obligeant Lalande m'ayant envoyé un billet d'entrée, j'ai cru devoir y faire honneur. La chaleur était étouffante, le bruit des allées et des venues insupportable, et les « Rapports », fort mal lus, avaient peu d'intérêt. Avant la clôture, je me suis hâté de gagner les Champs-Élysées afin de respirer. Vers la tombée du jour, je pensais flâner dans le jardin des Tuileries, comme autrefois si souvent : il faisait un soir d'été; mais les portes étaient déjà fermées et la consigne inflexible. Cette surveillance rigoureuse autour du palais m'a fait songer