Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

XLIII

8 avril 1803.

Ce matin, j'ai été à l’École polytechnique avec le jeune docteur Lüschen, médecin hanovrien, qui s’est fait, ainsi que le docteur Arbaner, autre compatriote, une belle clientèle. L'école paraît bien organisée en vue de former de jeunes officiers; nous avons assisté à un cours de Fourcroy : il a parlé, comme de « choses nouvelles » et utiles, de certains procédés chimiques appliqués en grand chez nous, depuis plusieurs années, à Schünebeck (1), sous la direction de Hermbstätt.

De là, nous sommes allés à la Monnaie; nous voulions faire la connaissance du vieux chimiste Lesage (2), imperturbablement fidèle aux anciennes doctrines scientifiques, et visiter son musée d'histoire naturelle. Ses collections lapidaires sont disposées avec autant de soin que de goût dans une magnifique salle à colonnes ; dans son appartement particulier au premier, il a un autre cabinet contenant des mosaïques, des objets d'art en granit, en albâtre et autres marbres. Comme je compli-

(1) Schænebeck, ville de la Saxe prussienne possédant d'importantes salines.

(2) Lesage, né à Genève en 1724, plus physicien et minéralogiste que chimiste, avait commencé par étudier la médecine à Paris. Les Mémoires de l’Académie de Berlin contiennent plusieurs de ses traaux. Il est mort vers la fin de 1803.