Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

AVANT-PROPOS. 1x

Ces attaques mêmes nous avaient donné le désir de vérifier les cruautés du scalpel germanique. A la curiosité se joignait, pour nous, une certaine surprise : nous avions en effet suivi Reichardt, dans l'enquête politique à laquelle il procédait pour sa satisfaction personnelle, en 1792 (1), et, dans ce Prussien vieux style, nous n'avions reconnu qu'un observateur bienveillant. Dix ans avaient-ils pu modifier à ce point ses dispositions sympathiques?

Nous devons le constater : tout en détestant plus que jamais la race indestructible des « voyageurs espions », nous n'avons pu constater dans le livre dénoncé par Vanderbourg le libelle diffamatoire qui échauffait sa bile. Nous n'y avons trouvé que la chronique, d’allure libre mais sans méchanceté, d’un séjour de six mois.

Alerte de corps et d'esprit, d’une culture intellectuelle supérieure à la moyenne, le chroniqueur, véritable fils du dix-huitième siècle, est libre de préjugés internationaux; mais il a ses préférences en art, en littérature, comme en politique. Si le prudent écrivain des Archives littéraires se garde de toucher à la politique, « l’Arche du Seigneur », cette matière brûlante ne pouvait manquer d'attirer un visiteur étranger, coreligionnaire philosophique des Daunou,

(1) Voir Un Prussien en France en 1792, Strasbourg, Lyon, Paris, Lettres intimes de Reichardt, traduites par A. Laquiante, 4 vol. in-8. Paris, Perrin et C*, 1892. Cet ouvrage renfermant une étude biographique sur Reichardt, nous y renvoyons nos lecteurs.