Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

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LES SLOVÈNES ET L AUTRICIIE 103

politique, la politique étrangère italienne est devenue matérialiste. TT

L'Autriche n’a jamais été (le fait est incontestable) sincère dans son attitude à l'égard des Sloyènes dans leur lutte pour. leur existence nationale. Elle considérait le nationalisme slovène comme un mal nécessaire qu'elle devait tolérer puisque, malheureusement, il existait. Ni la dynastie, ni le gouver nement ne s'élevèrent jamais à une conception plus haute du problème des nationalités. Ils ne s’avisèrent jamais de chercher, pour une monarchie réformée et régénérée, une base nouvelle, une base solide, dans un harmonieux développement des diverses nationalités de l'empire.

L'Etat resta toujours étranger au caractère et à la culture des Sloyènes. Ce que sont aujourdhui les Sloyènes, ils le sont devenus uniquement par leur propre travail et leur propre énergie, non seulement sans l’aide de J'Etat, mais encore malgré lui. En réalité, les efforts de l'Etat eurent plus exactement pour but d’entraver le développement intellectuel des Sloyènes. Ils furent rigoureusement privés de tout avancement, et ce fut seulement par la force et très ogcasionnellement qu ils obtinrent quelques misérables miettes d'égalité nationale. Jamais l'Etat n'a favorisé la civilisation, l’art ni la science slovènes; il leur à seulement permis avec générosité de faire eux-mêmes les frais de tout.

Avec le xx° siècle commença pour les Sloyènes une période de lutte nationale d’une intensité sans précédent. Il ny a. que quelques heures de chemin de fer entre Vienne et la frontière slovène: néanmoins, Vienne se refusa à voir et à entendre l’inexorable lutte qui se livrait pour la patrie slovène. C'est dans tous les pays de progrès une loi admise en pratique politique, que le gouvernement central doit être exactement informé des faits et des conditions sur lesquels l'Etat établit ses principes d'administration. A Vienne, au contraire, le bureaucrate impitoyable ne connaît dans l'univers que son ministère. En dehors de son ministère, là-bas, dans la province, la situation lui demeure absolument incon-