Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

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SLOVÈNES ET ITALIENS 133 rigoureux. Mais, répondra-t-on peut-être, le rationalisme de la grande Révolution a détruit pour toujours l'importance des faits historiques pour la politique contemporaine. D'autre part, on comprend fort bien que, dans des pays où la constitution à maintenu la continuité des revendications historiques, l'argument historique entre encore en ligne de compte. Mais dans un pays tel que l'Italie, fondé sur le principe des droits souverains de la nationalité et constitué par la destruction des droits historiques d’autres Etats, l’argument semble un anachronisme.

Nous ne nions point que le Littoral ait été naguère soumis à la domination romaine. Mais qu'il nous soit permis d'indiquer, d'autre part, que c'est aussi en vertu d'un droit historique que la Hongrie aspire à posséder la Serbie et la Bulgarie, qui furent au moyen-âge des Etats vassaux de la Couronne de Saint-Etienne. Bien plus, il est permis de se demander si les Italiens du Littoral descendent des Romains. En réalité, il est très difficile de déterminer quelles races différentes ont formé le peuple italien actuel. Il subsiste aujourd’hui peu du sang romain, même dans le centre. Que pourrons-nous dire des Italiens du Littoral, dont les noms, souvent Slaves, ne désignent sûrement pas le descendant d’un Romain? Il faut examiner avec une prudence extrême toutes ces questions ethniques.

Après les Romains, le Littoral passa sous la domination des Germains et il fut soumis au régime féodal. Il est vrai, cependant, que les Italiens peuvent invoquer un droit historique sur Trieste et sur une partie de l'Istrie, qui furent à un moment donné des dépendances de la République de Venise. Mais que l’on n'oublie pas que, sur Trieste, la domination vénitienne fut purement temporaire; à partir de 1382 déjà, le sort de Trieste a été allié à celui de l'Autriche. Venise el Trieste furent toujours des cités rivales, et jamaïs aucune union politique ni économique n’a existé entre elles. À ce sujet, Angelo Vivante fait remarquer avec beaucoup de justesse, dans son /rredentismo Adriatico : « La ville a un enne-