Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

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le Littoral tient à la politique, non pas intérieure, mais extérieure de l'Autriche. Pour les Yougo-Slaves du Littoral, la Triple-Alliance a été un événement des plus funestes. Les Mémoires de Crispi contiennent des preuves nombreuses des efforts tentés à Ja fois par l'Allemagne et par l'Italie pour contraindre l'Autriche à adopter sur le Littoral une politique favorable à l'Italie. La faiblesse politique de l'Autriche, signe indéniable de décadence, souffrit cette honteuse ingérence. Le gouvernement autrichien favorisa partout les Italiens; écoles, gouvernement local, église, vie politique, tout fut italianisé.

Naturellement, une telle politique était bien faite pour engendrer, sur le Littoral, la Lutte la plus âpre entre les Yougo-Slaves et les Italiens. Les Yougo-Slaves étaient exaspérés de se voir les victimes d’une politique étrangère fausse et sans merci, qui ne visait nullement à favoriser le développement des nätionalités, mais exclusivement à établir l’hégémonie écrasante des Magyars et des Allemands, et à détruire les Slaves.

Les élections au Reichsrat, basées sur le suffrage, survinrent en 1907; alors le parti italien libéral, qui dominait jusque là sur le Littoral Illyrien, s’écroula d’un seul coup, sous le poids des suffrages populaires. Tandis que, dans les collèges slaves des trois provinces sans exception, les candidats slaves étaient élus à une quasi-unanimité, dans les collèges soi-disant italiens, aucun candidat italien libéral ne put, aux élections générales, obtenir la majorité absolue des voix. La partie frioulane du comté de Goritz-Gradisca élut deux députés du parti catholique italien, avec une majorité écrasante. Les villes italiennes’ du nord-ouest de l’Istrie élurent aussi un député du parti catholique. Trieste-ville envoya au Parlement quatre députés socialistes. Dans les districts occidentaux de l’Istrie, enfin, que la loi électorale avait assignés aux Italiens et où les candidats slaves avaient, le jour des élections générales, obtenu environ 10.000 voix, c’est à grand’peine que, au scrutin de ballottage, les deux candidats

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