Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

SLOVÈNES ET ITALIENS 137

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italiens libéraux échappèrent à la défaite, dans leur lutte contre les candidats slaves. Ainsi, le plébiciste populaire n'a pas seulement condamné le parti italien anti-démocratique et anti-slave: elle a condamné du même coup la politique du gouvernement qui avait artificiellement appuyé jusqu'alors la domination de ce parti par tout le Littoral Illyrien. Il eût donc été très logique que le gouvernement ne put désormais suivre exclusivement la politique d’un parti qui avait perdu, par un plébiciste aussi net, presque toute importance politique dans le pays. Mais le gouvernement était encore bien éloigné du principe de la pleine égalité et de la véritable justice: le régime instauré par le « Prince Rouge », Hohenlohe, l’homme exécré des Italiens, ne signifiait nullement que le pays fut administré comme le désirait la majorité de ses habitants, mais uniquement que ce système laissait les forces sociales slaves se développer librement. Ouvrez les livres italiens traitant de la situation des nationalistes dans les provinces « irredente », non rédimées, vous y lirez que le développement yougo-slave fut provoqué et favorisé par le gouvernement. Or, ce n'a pas été le gouvernement, mais une évolution parfaitement naturelle, sociale et économique, qui a causé ce progrès. L'aveuglement social dont

-font preuve à cet égard les auteurs italiens les meilleurs, est

tout à fait remarquable.

Naturellement, l’évolution des Vougo-Slaves du Littoral sort ses effets : les Yougo-Slaves constituent la majorité de la population, et nous vivons à une époque où, même en Autriche, les masses imposent le respect. La slavisation de Trieste est due au développement économique de l’Autriche méridionale, tout entière, et surlout au nouveau chemin de fer alpin par lequel Trieste est, plus intimement qu'au temps passé, unie avec son arrière-pays. En outre, de nombreux établissements de crédit yougo-slaves se sont, au cours des dernières années, placés parmi les facteurs prépondérants de la vie économique de Trieste. Comme l’a écrit, dans son livre l’ « Italia d'Oltre Confine », l’auteur intransigeant ita-