Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

82 UN REMPART CONTRE JL ALLEMAGNE

du Parlement de Francfort. Le réponse de Palacky à l’invitation venue de Francfort fut en même temps un exposé du programme des Slayes d'Autriche. Palacky refusait de reconnaîlre l'Union avec l'empire germanique. Dans les limites de l'Autriche, les Slaves pouvaient espérer en la possibilité d’un développement national, mais non pas dans celles de PAllemagne. Sa réponse contient le fameux passage que voici : « En vérité, si l'Etat autrichien devait cesser d'exister, il serait nécessaire de le rétablir le plus tôt possible, dans l'intérêt de l'Europe..., et même de l'humanité ».

Cette phrase n’exprime cependant pas tout à fait la pensée de Palacky. Seule, une Autriche qui eût été juste à l’égard de toutes les nationalités, une Autriche où personne n’eût £té maître, et personne esclave, eût été capable d'accomplir une si grande tâche. _

C'est seulement sous ces réserves que Palacky était un ami de l'Autriche. Son Idée de l'Etat autrichien contient quelques phrases instructives qu'il convient de mettre en parallèle avec le passage qui vient d'être cité : « Nous existions avant l'Autriche: nous existerons encore après elle. L'existence des Slaves ne dépend pas de l’existence de l’Auriche. Une Autriche qui opprime les Slayes a perdu le droit d'exister. L'égalité nationale est la justice devant Dieu et devant les hommes. Si l'Autriche ne peut pas ou ne veut pas nous l’accorder, nous n'avons plus d'intérêt à sa conservation, car nous pouvons aussi bien supporter l'injustice en dehors de l'Autriche, et cela sans fraïs! » Dans ce passage, Palacky a nettement exprimé sa pensée. En 1848, Palacky était fermement convaincu que l'Autriche se montrerait juste à l'égard de ses différentes nationalités, et il lufta pour procurer à l'intérieur même des frontières de l'empire d'Autriche un avenir meilleur aux Tchèques et aux autres Slayes. Il comprit fort bien que l'empire allemand se proposerait la mort des Slaves de l'Autriche et, en refusant l'invitation du Parlement de Francfort, il accomplit le premier des actes historiques exécutés par les Slaves d'Autriche contre ce cou-