Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

LA LUTTE POUR LA CONSTITUTION 89

Les principes politiques les plus opposés y sont mêlés de la plus étrange manière, et c'est là une particularité des conflits constitutionnels dans ce pays:

La Charte d'Octobre, très dénigrée comme fédéraliste, contient beaucoup d'éléments centralisateurs, et les Lettres patentes de Février ne sont pas sans caractères fédéralistes. Ces deux actes fournissent des preuves manifestes de l’habitude impardonnable et démoralisante de l'Autriche de ne rien faire qu'à demi. Aucune de ces deux constitutions ne donne l'impression nette d'une pensée politique bien définie. Il semble que leurs auteurs aient mutuellement cherché à se tromper l'un l’autre par une ambiguïté vague et décevante. Voilà pourquoi la loi constitutionnelle autrichienne est devenue une sorte de repaire mystérieux qui désespère l'homme de métier et qui fournit toute facilité à une interprétalion pleine d’arguties. Aïnsi l'année 1860 marqua le début de la grande comédie d'erreurs qui devait remplir les pénibles années d’un demi-siècle (out entier et finalement aboutir à la ruine générale.

Le libéralisme allemand était centralisaleur. Il était opposé au fédéralisme slave. Celui-ci penchait malheureusement quelque peu vers la réaction et rêvait de ce qu'on appelait des entités historiquement constituées (Staatsrechtlich historische Individualitäten) telles que la Bohême. Il était bien difficile aux Slovènes de faire un choix. Ils ne formaient point une entité historique, avec des traditions historiques et constitutionnelles, et, d'autre part, la centralisation allemande était pleine de dangers pour eux. L’attitude incertaine, indécise des Sloyènes, en face du grand problème constitutionnel, fut une lourde faute, mais une faute provenant de la nature même de la politique slovène.

L'absolutisme militaire et bureaucratique fut irrémédiablement abattu à Magenta et à Solférino. Le 3r mai, le Reichsrat élargi (le Conseil impérial ou Parlement) commençÇa de discuter la question de la Constitution. C’était une assemblée de grands seigneurs spécialement désignés pour