Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 95

soldat, un républicain courageux; il a les intentions les plus droites et les plus pures, il est docile aux conseils qu'on lui donne; mais il n’a pas cette activité ni cette réunion de connaissances militaires, ni ce talent de gagner les esprits et les cœurs, si nécessaires à un général qui doit faire agir une grande masse d'hommes, qui doit tout surveiller, tout connaître par lui-même, diriger des mouvements de la plus haute importance, auquel est confié le salut de plusieurs villes et la vie d’un grand nombre d'individus. Tribout est mou de caractère, bon, mais sans fermeté, sans activité, et il n’a point la confiance du soldat, qui ne voit en lui aucune des qualités ni aucun des talents qu'un général doit avoir. Mais Tribout est essentiellement patriote, et quoique le patriotisme soit loin de suflire dans la place qu’il occupe, nous avons tant de scélérats, imbéciles ou instruits, qui commandent nos armées et nous trahissent ou nous perdent par leur stupide ignorance ou par leur intelligence criminelle, qu'un vrai sansculotte avide de conseils et docile à les suivre, quoique sans moyens par lui-même, est précieux à conserver. Aussi ne pourrai-je me résoudre à provoquer la destitution de Tribout, quoique je sente, et son incapacité et le peu de confiance qu'il inspire ; mais je tâcherai d'y suppléer en le dirigeant et l’entourant de bons offiCiers... »

1er Frimaire. Au général en chef de l'armée d'Antrain.

« Nous sommes, citoyen, dans les plus vives inquiétudes sur votre compte; point de nouvelles, point de correspondance, aucune connaissance du plan arrêté. Nous vous avons écrit, vous n'avez point répondu. Si