Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 223

plus belle journée qui ait encore éclairé ces cantons. En attendant la douzième heure du jour, fixée pour la cérémonie, chaque citoyen dans de civiques banquets fraternise avec les habitants des campagnes etles braves soldats de l’armée de l'Ouest, qu’il se réjouit de réunir à sa table, où ils boivent à l’envi des santés communes à la victoire, cette favorite de nos guerriers, aux progrès de l’art utile et respectable de l’agriculture, et à la Liberté, déesse des Français. L’astre du jour a parcouru la moitié de sa carrière et des salves nouvelles proclament le moment de la réunion. Un cortège nombreux assiège déjà les portes de la maison commune; il s'ébranle, et le peuple immense, qui contemple avec une avidité curieuse les différents groupes qui le composent, s’unit à la marche et se rend à la place de la Montagne. Précédés d’un corps de cavalerie, d'un détachement d'artillerie et d'une musique guerrière, les citoyens soldats et les soldats citoyens, sans armes, marchent par pelotons, se tiennent fraternellement sous le bras. Le jeune bataillon de l'Espoir de la Patrie vient après eux; il porte une bannière où se peint une brillante aurore sortant de derrière une montagne. On y voit gravés ces mots : Maître, vivre et mourir pour la liberté. Un groupe de soldats de marine, d'ouvriers du port, ayant au milieu d’eux les bustes de Marat et de Pelletier, vient ensuite, précédé d’une bannière qui représente un sans-culotte avec les bras d'Hercule, armé d’une hache et d’une massue, s'appuyant sur un globe et comme prêt à l'ent’rouvrir pour donner une issue au volcan révolutionnaire, et sous ses laves brülantes ensevelir la tyrannie. Le globe a cette inscription : Mort aux tyrans! Liberté à tous les peuples! L'œil qui se fixait avec admiration sur cetemblème chéri de la République universelle, voit ensuite avec attendrissement la foule