Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1193, 225

J'écris à Barère, membre du Comité de Salut public:

« ILfautsauver la commune de Nantes etla République. J'y ai trouvé l'ancien régime. Je viens de Nantes. J'ai vu la Vendée renaissante, Montaigu est repris. Charette rallie les débris d’une armée qui grossit chaque jour. J'ai vu dans les généraux un dessein bien formé de prolonger la guerre. «Ne vous inquiétez pas, disent-ils, - nous la finirons quand nous voudrons. » Elle ne finit point. Je viens de Nantes et j'ai vu dans Carrier un satrape, un despote, un assassin de l'esprit public et de la liberté. Je n’exagère pas. Écoute les détails des patriotes de Nantes, porteurs de ma lettre. Que le Comité rappelle Carrier et le remplace bien: qu'il arrache Nantes à l’oppression, finisse la Vendée et déjoue nos ennemis et nos généraux. Réponds-moi, je te prie, à la Rochelle, où je vais me rendre. »

15 Pluviôse.

J'écris aux Jacobins :

« Je viens de Nantes, frères et amis. J'y ai vu les sansculottes de cette commune dans la consternation et sous le joug de la tyrannie. On ne peut ni parler ni écrire. La liberté n'existe plus, et la Vendée est aux portes, et les généraux sont dans les murs au sein des plaisirs et de la mollesse. Secondez-nous au Comité de Salut public et sauvons la patrie. »

J'écris de Tours à Robespierre.

« Je t'ai promis quelques détails, mon bon ami, sur Carrier et sur Nantes. Je ferai connaître au Comité le mal que j'ai vu. Le Comité s'empressera d'y porter remède. La réunion des trois fléaux de la peste, de la famine, de la guerre, menace Nantes. On a fait fusiller peu loin de la ville une foule innombrable de soldats

13.