Une mission en Vendée, 1793

228 UNE MISSION EN VENDÉE, 1193.

de la franchise républicaine demandaient que Carrier fût rayé de la société s’il ne fraternisait plus avec elle. J'ai moi-même été le témoin de ces faits. On lui en reproche d’autres. On assure qu'il a fait prendre indistinetement, puis conduire dans des bateaux et submerger dans la Loire tous ceux qui remplissaient les prisons de Nantes. Il m'a dit à moi-même qu'on ne révolutionnait que par de semblables mesures, et il a traité d’imbécile Prieur de la Marne qui ne savait qu’enfermer les suspects, etc. Ma conférence avec lui serait trop longue à détailler. C’est encore Carrier qui par un acte public a refusé de reconnaître un de ses collègues pour représentant du peuple, et cet arrêté, que je l'ai envoyé, était, dans toute la force du terme, contre-révolutionnaire. Il faut sans délairappeler Carrier et envoyer à Nantes quelqu'un qui réveille l'énergie du peuple etle rende à lui-même. Il faut sans délai charger un général, sous sa responsabilité, d’exterminer à terme fixe les restes des rebelles. Vous chargez bien un corps constitué d'exécuter un décret à terme fixe, et le rendez responsable de l'exécution, faites-en de même pour les généraux. La limite du consulat chez les Romains a empêché bien des campagnes de se prolonger. Limitez aussi le généralat. Ille faut, ou vous avez un nouveau système de trahison inévitable. Réponds-moi, je te prie, à la Rochelle. Je t'ai donné des détails sur nos généraux, sur Carrier et sur Nantes; les patriotes que je l'ai adressés te diront le reste.

« Nota. — L'exemple du sécrétaire de Carrier, qui recoit, avec la hauteur d’un ci-devant ministre, les députations d’une société populaire, et les exemples multipliés qu'il serait trop long de rapporter ici, de maints secrétaires que j'ai vus, me font croire très utile d'interdire à ces messieurs de prendre un caractère