Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1193. 231

système bien suivi de calculs et de trahison. Une correspondance continue à exister entre un grand nombre de nos chefs et ceux des brigands. Les munitions, les vivres ont été fournis à la Vendée par les généraux des armées de la République bien plus que par l'Angleterre. Les ateliers et magasins de la cohorte royale étaient dans nos propres camps et nos places fortes. Il est prouvé que très souvent nos généraux ont concouru à leurs défaites mutuelles en refusant par jalousie ou tout autre motif de se seconder. Un général de brigade voyant revenir après une déroute complète une division de l’armée qui n'avait jusqu'alors éprouvé aucun échec, dit en riant: «Il était bien temps qu’elle eût son tour, et mon cher collègue apprendra qu'il n’est pas invincible. » Une lettre d'un de nos agents militaires, maintenant guillotiné, portait ces mots adressés à l’un des chefs des brigands : « Je fais partir de tel côté tant d'hommes avec tel nombre de cartouches; c’est autant de munitions que je t'envoie. » Il est prouvé que dans mainte et mainte occasion les défaites ont élé combinées par les généraux eux-mêmes qui couvraient ainsi les dilapidations faites par eux dans le trésor public, en disant que les caisses de l’armée avaient été prises par l'ennemi, et se dispensant de rendre aucun compte. Il est prouvé que lorsqu'un officier patriote, témoin des abus, des crimes, des trahisons, a voulu les faire connaître, il a été sacrifié et, sous prétexte de confiance dans une entreprise périlleuse, envoyé à la boucherie. Il est prouvé que les généraux connaissant parfaitement la force de l’ennemi et pouvant sans peine le détruire, lui ont toujours opposé des forces inférieures. Il est prouvé que la guerre de la Vendée n’existerait plus si les généraux l'avaient voulu de bonne foi. Leur multiplicité inutile et dispendieuse a été la première cause du mal. Les