Une mission en Vendée, 1793

238 UNE MISSION EN VENDÉE, 11793.

« Je suis arrêté... dans quelle commune ? Dans ces murs où j'ai été entouré des applaudissements et des preuves de l'amour du peuple, où j'ai vu les citoyens et les citoyennes se presser autour de moi pour dévorer les principes républicains que ma mission était de leur transmettre. La gendarmerie est chargée de me conduire ; et c’est dans cette commune que tous les patriotes, sur la fausse nouvelle de mon départ, ont arrêté, hommes, femmes, vieillards, enfants, de me reconduire jusqu’au delà des portes, pour me témoigner leurs regrets et leur amitié fraternelle.

« Mais que dis-je? Le district ne me regarde plus même citoyen. Je lis dans son arrêté : /e nommé Jullien, étranger, ete. Depuis quand suis-je privé du titre de citoyen français, qu’on ne peut enlever même à un accusé que la loi présume innocent, tant qu'il n’est point reconnu coupable ? Où est le principe de l’unité et de l'indivisibilité de la République, si dans une commune de la France un citoyen français, appelé par une mission, est qualifié d’étranger? C'était peu. Je suis conduit au district; je n’y vois point le peuple, la séance était secrète. Mes papiers sont visités. Le district aurait pu sans peine avoir de la municipalité l'extrait de leur enregistrement. Je suis interrogé. On me fait un crime de n'avoir point été visiter le district, Je le demande encore, quelle est la loi ou l'instruction qui m'y oblige ? On dit que mes pouvoirs doivent être réputés nuls, n'ayant pas été renouvelés depuis le décret du 14 frimaire. Je le demande, y a-t-il un article de la loi qui ordonne le renouvellement des mandats d'agents particuliers ? Heureusement l'arrêté du Comité, pris le 9 nivôse pour sanctionner mes opérations dans le Morbihan, leur a prouvé que j'étais encore reconnu par lui pour son agent. On délibère, si je serai détenu