Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 239

et empêché de continuer ma mission. Je demande d'après quelle loi? On ne peut en alléguer aucune, mais on me couvre d'accusations aussi vagues les unes que les autres ; on va jusqu'à me faire un crime d’être allé à la société populaire sans diplôme, parce que je m'y étais présenté avec la qualité d'agent du Comité de Salut public. On me fait un crime d’avoir semé la division en criant contre le modérantisme et séparant la classe des patriotes révélutionnaires de celle des insouciants égoistes ; on me questionne sur mes moindres discours publics et particuliers, qu'il paraît qu'on a eu soin d’épier. Enfin, on me renvoie, et je suis libre au bout de deux heures d’un interrogatoire inquisitorial et arbitraire.

« Mon premier soin, au sortir de cette longue séance, a été de m'informer de l'opinion publique à l'égard des membres du district. Plusieurs patriotes m'ont dit que le district n’obtenait pas une entière confiance, et que même deux membres n'avaient pas été jugés dignes de la Société populaire. Je le déclare, si ce corps constitué eût été entouré de l'estime du peuple et composé de républicains, la faute grossière, ou plutôt l'injustice atroce commise à mon égard eût été oubliée par moi, et j'aurais le premier cherché à fraterniser avec eux. Mais ce n’est pas moi, c’est mon patriotisme qu'ils ont poursuivi. Si un citoyen, victime d'un acte injuste et arbitraire, a droit d'en exiger une réparation qui est demandée par la justice et mème par l'intérêt de la liberté individuelle, je te prierai, et je borne là ma réclamation, d'inviter le Uomité de Salut public à prendre un arrêté par lequel il improuve formellement la conduite du district de la Rochelle et de faire adresser cèt arrêté par l’intermédiaire de la société républicaine. Songe que ce n'est