Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1193. 245

qu'on prétendait que ce mode de scrutin avait eu des inconvénients à la Rochelle. Nul n'en saurait mieux juger que vous, et je m'adresse à vous pour avoir votre sentiment. Quant à moi, je dois en républicain vous ouvrir ma pensée à cet égard. Je crois que le scrutin public, tel que vous l’avez mis à exécution, est le seul qui convienne à des hommes libres.lJ'avoue que le scrutin n'a pas produit un grand effet dans votre société, que peut-être il devait entraîner quelques ajournements qui n'ont pas eu lieu; mais si vous n'’étiez pas entièrement mürs pour un pareil scrutin, j'en conclus qu'il ne vous était que plus nécessaire pour müûrir votre républicanisme, former votre caractère, fortilier votre tempérament politique. Un pareil scrutin, répété dans quelque temps, aura désormais une plus salutaire et plus efficace influence. J’ajouterai que si l'épuration, quoique sévère en apparence, n'a pas frappé tous les coups qui paraissaient nécessaires aux patriotes, elle a néanmoins donné de fortes leçons à quelques hommes dont l'énergie et l’activité doublent en proportion de la publicité des avis qu'ils ont reçus. Enfin, je crois qu'il en a résulté des avantages. La tribune a offert tour à tour à la société chacun de ses membres, et il est du principe de l'égalité que la tribune ne soit pas lé domaine exclusif de quelques hommes, et que tous s’habituent à parler en public et se dépouillent d'une timidité qui pourrait priver une assemblée entière du tribut ulile de l'opinion d'un brave sans-culotte. Des explications franches sont résultées de cet épurement. L’aristocratie n’a pas dû le voir de bon œil, et l'intrigue et le modérantisme n’ont pu que le redouter. Je vous devais mes observations, j'attends en retour le résumé des vôtres. C’est ainsi que les républicains s'éclairent mutuellement. On calomnie beaucoup votre 14.