Une mission en Vendée, 1793

264 {UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

Je ne puis, frères et amis, me dispenser de faire encore entendre ma voix au milieu de vous, quand je vois et les menées du modérantisme et l'espoir de l’aristocratie, et les périls de la patrie, et la nécessité indispensable que le peuple soit arraché à cette inclination vers la mollesse et le repos qui serait la mort de la révolution et la cause de maux affreux.

Des promenades annuelles, je dirai presque dans toutes les parties de la France, ont pu m'acquérir une certaine expérience des hommes et des choses. Qu'ai-je vu? Que partout une pente involontaire entraînait le patriote le plus pur vers la modération et la faiblesse. Voilà pourquoi nos ennemis ont eu tant d'avantages; voilà pourquoi les sociétés populaires, après des épurations réitérées, ont encore besoin de se régénérer ; voilà pourquoi la justice tardive de Capet et de ses complices, de Custineet de quelques généraux conspirateurs, de Brissot et de ses adhérents, n'empêche pas que la trahison n'existe encore et que plusieurs des agents de Pitt et des puissances coalisées ne soient dans notre sein et même n'occupent les emplois que distribue le peuple.

Voulez-vous entrer dans les détails des petites intrigues qui contribuent à propager le modérantisme, car nous devons nous répéter les uns aux autres ce qui peut nous instruire ? La classe des modérés voit avec effroi la ligne de démarcation qui existe entre elle et la classe des républicains. L’austérité révolutionnaire de ces derniers, leur attachement invariable aux principes intimident les autres. Ne pensez pas néanmoins qu'ils attaquent de front cette sévérité de caractère. Ge serait la vague impuissante qui se briserait contre un rocher. Ne pensez pas qu'ils fassent une guerre ouverte aux patriotes. Ils n’ont pas pour cette lutte un assez mâle cou-