Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1193. 267

peu du sang dont elle sort; il trouverait même une douce jouissance à pouvoir arracher une victime innocente à une caste proscrite; mais il s’écrie : « Non, j'appartiens au peuple; à lui seul est ma vie, mon cœur, je lui dois tout; je suis à la patrie, un sévère devoir ordonne qu’en ce jour, de mon cœur déchiré, j'arrache mon amour ; j'obéis.» Il se condamne lui même à la privation de celle qu’il adore. Il y renonce et l’amour de la patrie le dédommage. Peuple, dans ton amitié constante, qu'il travaillera toujours à mériter, il devra trouver sa consolation et sa récompense.

Citoyens, je m'arrête. J'ai voulu vous bien développer ma pensée sur les innombrables dangers du modérantisme, qui seul a fait triompher par instants le parti fédéraliste. J'ai voulu vous montrer qu'iln'était point de grâce dans ce moment pour la faiblesse et pour l'erreur.

Je vous inviterai aussi à lire chaque décadi l'excellent rapport de Saint-Just sur la mesure des arrestations, et les deux rapports de Robespierre sur notre politique intérieure et extérieure. Là vous puiserez les leçons qui doivent vous conduire, et quand vous en serez bien imbus, vous aurez un contrepoison sûr, qui vous sauvera de la modération et de la faiblesse.

Les campagnes vous réclament l'instruction. C’est votre intérêt, votre désir, votre devoir. Trop longtemps les habitants des villes ont travaillé à égarer ceux qui travaillaient à les nourrir. Trop lougtemps le vice et le mensonge sortant de l'enceinte des cités ont corrompu de leur haleine infecte l'air pur des villages et des hameaux. Le bon paysan qui n'était pas courbé sur des livres souvent dangereux et frivoles, mais qui, du lever de l'aurore à l'entrée de la nuit, se penchait sur sa charrue pour fertiliser la terre et fournir au besoin de ses semblables, le bon paysan était simple, ignorant,