Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 269

germer vos semences, vous aurez comme nous et des fleurs et des fruits; vous trouverez la récompense et le dédommagement de vos peines. » Profitez de cette lecon utile du vieillard. Envoyez des commissaires dans les campagnes qui répètent en langage vulgaire et à la portée du campagnard ce qu'ils ont lu ou entendu dans les sociétés patriotiques. Rappelez les maux de l’ancien régime, les bienfaits du nouveau. Si vos commissaires sont bien choisis, bons patriotes, ils auront cette éloquence du cœur, douce et persuasive, qui vaut mieux que l’art frivole de feindre, pour tromper, des sentiments apprêtés. Quand l'instruction aura bien rapproché les habitants des campagnes et ceux des ci-devant villes, plus de disette factice ni d’accaparement à craindre. Vous aurez le pain de froment qui vous est nécessaire pour vivre, si vous prodiguez au paysan le pain de l'instruction qui lui est indispensable pour nourrir son patriotisme. Établissez des sociétés populaires, expliquez-leur les avantages des lois nouvelles. Quel sublime emploi que celui d'instructeur de l'être bon et vertueux qui ne demande qu'à voir et à connaître le bien pour Le suivre !Je vais à cet égard vous proposer un projet d'arrêté qui découle de ces principes, mais souvenez-vous que c'est peu de délibérer, il faut agir. Il faut trouver un remède à ce mal dans l'arrêté même. Avant de vous le soumettre, j'ai encore deux réflexions à vous offrir; elles me paraissent liées étroitement à mon sujet.

‘D'où naissent le modérantisme et le peu de tenue de caractère des hommes même révolutionnaires et énergiques? Je dois le dire, parce que j’en ai fait l'épreuve : de l'influence trop puissante que les femmes ont sur nous. Un sexe faible, doux, sensible, qu'effraye la vue du moindre mal, que l'approche de la douleur suffit