Une mission en Vendée, 1793

276 UNE MISSION EN VENDÉE, 1193.

De Bordeaux, Quartidi 14 Germinal.

Au Comité de Salut public.

«Arrivé dans le département de la Gironde, Blaye m'a présenté le triste spectacle d’un peuple réduit à la disette et n'ayant plus qu'une demi-livre de pain noir, tantôt de fèves, tantôt de chiendent ou de racines. L’esprit public m'a paru froid, mais les habitants patients et bien intentionnés. Comme je veux suivre pas à pas les détails de ma tournée, j'attendrai le prochain courrier pour vous parler de Bordeaux, afin de vous exposer avec une entière franchise mon opinion sur l'état actuel de cette commune qui paraît fixer encore les espérances des ennemis de la patrie. »

Bordeaux, 21 Germinal.

J'écris à Barère, membre du Comité de Salut public :

« Bonnard, patriote de Toulouse, qui correspondait avec moi et me transmettait des détails intéressants sur le Midi, vient d'être arrêté. Il est même certain pour moi qu'on intercepte notre correspondance, puisque je n’ai aucune lettre de lui, quoique je lui aie écrit où j'étais et que j'aie eu de ses nouvelles indirectement et lui aie fait donner les miennes.

« J'ignore les motifs de l’arrestation de Bonnard, et, malgré la bonne opinion que j'avais de son patriotisme, je ne dois rien préjuger sur son compte; mais je Sais que Boreil, fils du capitoul, et le muscadin Comeyrar, ex-agents du conseil exécutif de Toulouse, y sont encore et entourent les représentants du peuple. Je sais que ces deux hommes avec lesquels j'ai vécu sont des intrigants et ne peuvent être patriotes. Je les croyais partis de Toulouse depuis longtemps et j'app rends qu'ils