Une mission en Vendée, 1793

278 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

faire sur esprit public. Il en devait être assez naturel lement de Bordeaux comme de Lyon, el la République aurait vu ces deux cités détruites également par la guerre, si dans le principe une marche différente n'eût été suivie, et si la douceur employée à propos et la terreur adroitement ménagée n’eussent prévenu la nécessité d’un siège. Le peuple d'abord se rendit à la bonne cause, et le parti des négociants et des fédéralistes, se voyant le plus faible, ne songea plus qu'à dissimuler. Tout ce qu'il y avait eu d'hommes à talents, de riches, d’habitués du barreau, s'était donné à la faction qui promettait à son ambition quelques avantages. Ceux qui ne s'étaient pas ouvertement prononcés en faveur de cette faction conspiratrice n'avaient pas eu le courage de se prononcer contre elle. Il ne restait plus que de bons sans-culottes bien intentionnés pour la patrie, mais dénués de lumières et accessibles à la crédulité qui conduit à l'erreur. Tous ceux qui avaient eu quelque influence sur l'opinion et qui s'étaient montrés patriotes lorsque aux premiers jours de la Révolution ils avaient vu tomber le clergé et la noblesse, étaient devenus ensuite aristocrates, quand ils avaient vu que le bourgeois des villes ne serait que légal de l'habitant des campagnes, et que le riche négociant et l'armateur ne seraient pas au-dessus du boutiquier et de l'artisan. Qu'ont dû faire les représentants du peuple? Ge qu'ils ont fait. Commencer par punir les coupables, se défier de ceux qui, assez éclairés pour ne rien se dissimuler des projets des conspirateurs, avaient été assez lâches pour ne point s'élever contre eux; ne mettre en place et ne recevoir dans le club national que de bons sans-culottes. Aussi la société populaire est-elle sans lumières, sans influence ; les magistrats du peuple manquent d'instruc tion; il nous faut ici former des hommes. Mais l'esprit