Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 11793. 219

de Bordeaux est bon, parce que dans Bordeaux, comme partout ailleurs, les sans-culottes forment la masse; et si le sans-culotte est encore digne d’un certain mépris aux yeux de la classe des riches, qui, par un sourire moqueur, insultent au tribut modeste du pauvre, les négociants et les riches qui croient que la réputation de patriotisme doit être donnée au plus offrant, et que les principes républicains se mesurent au poids de l'or, font tourner cette idée au profit de la chose publique et couvrent l’autel de la patrie d’offrandes dont ils font sonner bien haut l’énumération pour faïre oublier, s’il était possible, tout le mal qu'ils ont voulu faire à la liberté.Je sais que dans le nombre de ceux qui donnent, il est beaucoup d'excellents patriotes guidés par un louable dévouement; que, dans la classe des négociants mêmes, il est des citoyens animés d’intentions pures et qui doivent faire exception à la règle générale; mais j'ai dû vous parler avec franchise et vous donner une idée vraie du négociantisme de certains Bordelais dont il faut mettre à contribution le penchant très nouveau chez eux à la générosité, et dont il faut se défier tant que durera l’alternative des crises révolutionnaires. Nous devons toujours nous féliciter que Bordeaux en soit au point où il en est, que la Montagne y triomphe, que les muscadins et les aristocrates soient réduits au : silence, que le temple de la Raison soit rempli chaque jour de décade d’une affluence nombreuse qui atteste en même temps qu’elle accélère les progrès de l'esprit public, que les sans-culottes soient seuls en place et qu'une commission militaire composée de patriotes sévères et actifs ait fait tomber les têtes d’un grand nombre de conspirateurs, que les richesses immenses de cette commune servent toutes à la destruction des en-

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nemis de la liberté, que toutes les manœuvres aient été