Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1792. 281

a cru que les horreurs de la famine pourraient réduire le peuple, et Bordeaux s’est trouvé sans subsistances. On répandait même, dans les départements voisins qui eussent pu l’approvisionner, qu'il n'avait nul besoin de grains où qu'il ne méritait pas d'en recevoir et par la Calomnie on préparait la division, et par la division la disette. Les sans-culottes bordelais ont résisté à ce nouveau piège. Je dois ici vous exposer encore la situation vraiment affligeante du département du Becd’Ambez. Je ne parle pas seulement d’une grande commune où toujours on trouve quelques ressources, où le pain est suppléé par d'autres aliments, mais j'ai vu les Campagnes n'ayant d'abord qu’un pain noir de farine de fèves ou de chiendent, chaque individu réduit à un quart de ce pain et bientôt n'ayant plus que des racines, des herbes des champs toutes crues qui seules les soutiennent. J'ai vu les pleurs des femmes ne pouvant nourrir leurs époux ni leurs fils, des laboureurs à la figure livide, au corps languissant, ne pouvant plus travailler faute de nourriture. Les vignes ne sont point cultivées, les bras les plus robustes sont trop affaiblis pour manier lewinstruments du labourage.

« Les différentes réquisitions croissent, et la commission des subsistances qui devrait être le centre commun, unique, n’est pas exactement obéie. Après vous avoir parlé de Bordeaux, vous avoir montré la conduite du peuple et l’état actuel de l’esprit public, je pense qu'il ne reste plus qu'à lui imprimer l'énergie révolutionnaire, à bien pénétrer les sans-culottes des principes républicains qui leur sont encore inconnus, et à donner une grande influence au club national qui est ici comme s’il n'existait poin£.

« La section Marat vient de planter l’arbre de la Liberté qu'elle consacre à l’Ami du peuple. Le récit de cette

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