Une mission en Vendée, 1793

282 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

fête est une réponse victorieuse aux calomniateurs de Bordeaux. Qu'ils viennent avec nous, qu’ils voient cette réunion nombreuse de citoyens et de citoyennes affluant de toutes les sections, cette réunion plus touchante et plus unanime des esprits, des sentiments, des cœurs, ce commun enthousiasme, cette joie partout répandue, et qu'ils osent dire ensuite que la masse des sans-culottes bordelais n’est pas à la hauteur de la Montagne. Les Bordelais debout avec tous les sansculottes de la France leur donnent un démenti formel. La salle des séances de la section Marat est dans cette même enceinte où se réunissaient les commerçants, et dans le bâtiment de la Bourse. Les députés des sections des corps constitués, des corps militaires, la musique, le théâtre, une foule immense s’empresse de tous côtés, Chacun a son bouquet. La fête de l'Ami du peuple est celle de tous les patriotes qui chérissent sa mémoire, et ceux-là mêmes qui la détestent, affectent aujourd'hui de la chérir. Nous allons au-devant de l'arbre qui était au bout de l'allée de Tourny, près la Comédie. Élevé sur un char que traînent des bœufs couronnés de guirlandes, l'arbre domine au loin le cortège. On s'étonne de voir cet être végétal ambulant que suit un peuple nombreux; vingt-huit rubans (ricolores que tiennent vingt-huit députés des sections les unissent tous autour d’un faisceau adossé à l'arbre. Des inscriptions frappent les yeux : Bordeaux à Marat. L'heure de la liberté a frappé sur l'horloge du monde, etc. Mort aux agioteurs, etc. Nous arrivons sur la place voisine de la Bourse et située sur le port où l'arbre doit être planté. Une montagne s'élève et cache la maison du guillotiné Fonfrède. Quelle matière de réflexions pour l’observateur : ce riche négociant bordelais qui, naguère président de la Convention nationale de France et couvert