Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1193. 283

en apparence d'estime et de gloire, avait vu décréter d'accusation Marat couvert de calomnies et d’opprobre, est maintenant livré à l'exécration, et la faux | nationale a tranché sa tête. Ce malheureux proscrit, partout traité de monstre, voué aux horreurs de l’indigence, de la haine, de la persécution, qui depuis a été assassiné par une main scélérate, est aujourd'hui présenté à la reconnaissance publique et son buste couronné de chêne est porté en triomphe. Ici est la Bourse, le repaire des agioteurs, et ces mêmes hommes entraînés par le torrent et jaloux de faire oublier leurs crimes, s'empressent d'honorer la mémoire du vertueux ami du peuple qui tant de fois dénonça l’infâme agioage. De ce même Bordeaux d’où fut dirigé contre Marat le poignard de la calomnie, partent maintenant en faveur de Marat les cris de l'enthousiasme. On puise dans ces rapprochements cette vérité consolante, que tôt ou tard le peuple est ramené de l'erreur, le crime est puni et la vertu récompensée. Dumouriez n'a plus un Coin dans sa patrie où reposer sa tête: Brissot et Danton ont péri sur l’échafaud; les images de Marat sont partout offertes aux yeux des patriotes dans la vaste étendue de la France, et les cendres de Marat dorment au Panthéon. Ysabeau, représentant du peuple, et Jullien, commissaire du Comité de Salut public, placés sur la montagne, dominent une assemblée immense et parlent au peuple. Tandis que l’on plante l'arbre, deux artistes du théâtre chantent l'air français : Laisserions-nous flétrir, etc., et les bâtiments qui couvrent le fleuve agitent leurs voiles pour témoigner l’impatience qu'ont les braves marins de vaincre où de mourir pour la patrie. L'on chante ensuite la dernière strophe de l'hymne à la Liberté. Les cris de : Vive la Montagne! se confondent, les cha-