Une mission en Vendée, 1793

284 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

peaux volent dans les airs. Ysabeau et Jullien boivent à la prospérité des armes de la République, et toul le peuple leur répond avec transport. La journée se termine par la représentation de Marat dans le souterrain, qui suit l’offrande à la Liberté. »

Bordeaux, 1e Floréal.

J'écris à Robespierre :

«Je ne tai pas écrit depuis longtemps, mon bon ami, parce que je te présumais trop occupé et que je n'avais rien de très intéressant à t'écrire, que d’ailleurs je n’en continuerai pasmoins exactement de correspondreavec le Comité de Salut public. Aujourd'hui je veux te soumettre avec une entière franchise quelques observations sur Bordeaux dont j'ai déjà fait connaître en détail la situation au Comité. L'esprit en général est bon, la République sincèrement aimée; le riche même, qui ne l'aime pas, lui prodigue des sacrifices, et l’égoïsme paraît s’éteindre, mais d’abord le club national est sans aucune consistance, sans influence, sans énergie. À peine sait-on qu'il existe et le dessein que j'ai formé de lui donner la prépondérance qu'il doit avoir, est d’une. exécution difficile. J'y travaille néanmoins sans relâche. Un grand reproche que j'ai à faire aux Bordelais c’est qu'ils traitent le représentant du peuple comme un intendant de l’ancien régime. Passe-t-il avec les gendarmes qui le suivent, on se découvre, on applaudit, quelques voix même crient : «Vive lesauveur de Bordeaux!» Paraît-il, au spectacle, au club, ou dans une assemblée quelconque, les mêmes cris se font entendre. L'enthousiasme et l’idolâtrie sont poussés au dernier période, elj'airemarqué que c'étaient les aristocrates eux-mêmes qui, croyantse donner un air de patriotisme, indiquaient