Une mission en Vendée, 1793

32 UNE MISSION EN VENDÉE, 1193.

vrait la surface de la mer qui semblait vouloir cacher la honte de l’escadre. Un silence lugubre régnait, le soleil avait caché sa lumière. Les représentants du peuple arrivent sur le pont : un canot les attendait, orné magnifiquement et couvert de sapins dorés : ils rejettent cette vaine pompe ; elle convient mal à la majesté du peuple, les colifichets des despotes sont indignes des hommes libres; les représentants du peuple font substituer à cette dorure royale un simple drap bleu, parsemé de bonnets rouges, emblèmes de la liberté. Le peuple qui les entoure dévore d’un œil avide ce spectacle nouveau qui l'étonne, et il apprend ainsi que la majesté n’est pas dans le luxe et dans l'or. Des exemples d’une rigueur nécessaire furent donnés, de grandes leçons furent offertes et la discipline et l’obéissance à la loi prirent une force nouvelle. Le brouillard enveloppa dans ses ombres cette journée de terreur, la nuit ramena les représentants dans le port, et l’escadre attendit avec une craintive impatience la journée suivante où devait avoir lieu la visite des autres bâtiments. Les représentants avaient eu soin de réserver pour la fin ceux qui n'avaient que légèrement ou nullement participé à l'insurrection et dont plusieurs ne méritaient que des éloges.

Nous sommes partis le matin à 10 heures pour notre promenade maritime. La journée était belle, et le soleil brillait de l’éclat le plus radieux comme pour célébrer une fête civique. A notre sortie du port les bâtiments et les simples bateaux au milieu desquels nous passons font entendre le cri unanime de : Vive la nation! Vive la liberté! pour signaler leur joie en voyant les représentants du peuple, et faire éclater hautement l’attachement qu'ils portent à la Convention Nalionale et à la République française. Nous sillonnons les flots, nous