Une mission en Vendée, 1793
UNE MISSION EN VENDÉE, 1193. 33
voyons l’escadre rangée dans la rade et ses nombreux vaisseaux qui tous, alignés en colonnes, offrentplusieurs allées de mâts et de pavillons tricolores dont la vue présage à la Liberté des triomphes pareils sur les eaux à ceux qui sur la terre ont couronné les efforts de ses défenseurs. Nous visitons d'abord la Bretagne, puis l'Ampétueux où nous voyons le pavillon espagnol renversé, garant de nos prochaines victoires. Sur le pavillon sont une croix et une couronne, emblèmes de la superstition et de la tyrannie, toujours associés l’uneàl’autre, leur trône fut commun, elles auront un commun tombeau. Nous voyons le Suffren, le Tigre, le Jean-Bart, le Trajan ! Nous dansons la Carmagnole au bord du 7éméraire, avec de braves matelots et de bons sans-culottes parisiens, partout nous chantons l'hymne marseillaise, chaque matelot chante avec nous; on les voit sur les cordages, sur les vergues les plus élevées faire au loin retentir le refrain dans les airs; les bâtiments voisins le répètent, la mer le reporte jusqu’au rivage, et les canonniers marins qui font l'exercice sur terre nous accompagnent de leurs canons. Au dernier couplet : Amour sacré de la Patrie, les chapeaux se baissent, les tètes se découvrent, tous se mettent à genoux, même sur les plus hauts cordages, etles vents étonnés se taisent pour écouter ces accents nouveaux. La mer calme et tranquille semble avoir défendu à ses vagues de troubler par la moindre agitation cette fète unanime et touchante,la nature entière contemple dans un respectueux silence cet admirable spectacle. — Les matelots se réunissent en foule autour des représentants du peuple qui leur parlent des bienfaits de la Révolution, de la destruction de l’odieuse noblesse, de l’heureuse égalité qui permet à chacun d'eux d’aspirer au grade d'amiral, s’il a des talentset du patriotisme.