Une mission en Vendée, 1793

68 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

mier soin est de t'écrire, et la première occasion qui s’offrira sera saisie par moi pour te faire parvenir cette lettre, que je prierai le district de Lamballe de t’envoyer aussi promptement que possible à Pontivy ou à Lorient. Mon arrivée ici n’a pas été inutile pour électriser le peuple qu’on cherchait à décourager et intimider, l’aristocratie levait une tête audacieuse à l'approche des brigands. Déjà quelques personnes avaient quitté la cocarde tricolore, et bientôt sans doute elles auraient pris la cocarde blanche. La municipalité semble voir tout cela d’un œil indifférent. Comme elle est très mauvaise, entachée de fédéralisme, et que les sans-culottes s’en plaignent, je crois qu'une mesure de sûreté publique très urgente est sa destitution, et je vais m’en occuper; car la complicité des autorités constituées avec les brigands leur a ouvert plus de villes que leurs armes. Nous allons couvrir la côte, pour ôter à l’armée catholique toute communication avec l'Angleterre et les émigrés de Jersey et Guernesey qui pourraient leur faire passer des secours. La côte étant bien couverte, nous avons des forces à Avranches qui garantiront Granville et empêcheront les rebelles de gagner la Manche et le Calvados du côté de Fougères, dans la partie qui avoisine le ci-devant Maine. Nous avons à Crué la garnison de Mayence, qui peut empêcher l'ennemi d'entrer dans les départements de l'intérieur. Le fort de Château-Neuf est, d'après les rapports qui me sont faits, imprenable. Rennes est très bien gardée et défend l'entrée d’une grande partie de la ci-devant Bretagne; il ne s'agira que de garnir les points de Lamballe et de Brieux pour couvrir le Finistère, les Côtes-du-Nord et le Morbihan; Pontivy et Vannes seront aussi bons à renforcer, pour que, dans le cas d’une trouée, les campagnes du Morbihan qui