Variétés révolutionnaires

176 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

voulaient avoir l'honneur de donner une fois le signal de la révolte. Excités par M. de Castellane, l'évêque inconstitutionnel ; par M. de Borel, correspondant des princes ; par le notaire Charrier, maire de Nasbinals, ancien représentant aux états généraux, qui devait, un an plus tard, fomenter une nouvelle insurrection où il trouva la mort, les royalistes s'armaient de toutes parts, et mettaient en péril la sécurité des patriotes. Trois compagnies de ligne, réclamées par Châteauneuf-Randon et le directoire du département, durent quitter Mende le lendemain de leur arrivée et gagner Langogne à marches forcées pour échapper à un massacre. L'Assemblée nationale, informée d'une formidable levée de boucliers dans la Lozère, prit immédiatement des mesures énergiques : le 28 mars, elle décrétait d'accusation le notaire Charrier, le maire de Mende, M. de Borel, M. de Castellane et leurs principaux complices. Un de leurs amis habitant Paris, l'abbé de Bruges, se déguisant en courrier, partit à franc étrier, devança le courrier du gouvernement et put les prévenir. La plupart d'entre ‘eux eurent le temps de passer la frontière. L'ordre fut bientôt rétabli à Mende. C’est à ce moment que le comte de Saillans venait prendre le commandement des bandes contre-révolutionnaires du Midi ; en passant à Chambéry, dont l'émigration avait fait un second Coblentz, il apprit de la bouche de M. de Borel l'insuccès de la tentative de Mende. Il hésitait à passer en France ; mais un autre émigré,