Variétés révolutionnaires

LE CAMP DE JALÈS Lt

l'abbé de la Bastide, un des organisateurs de la première fédération de Jalès, lui parla avec tant de chaleur des forces royalistes du Vivarais, qu'il se décida à passer outre. À ce moment M. de Connway arrivait à Chambéry ; le caractère entier de Saillans s'accommodait mal d'une mission en sous-ordre ; il ne put se plier aux observations de son chef et, après une discussion fort aigre, dans laquelle les princes lui donnèrent tort, il partit enfin pour le Vivarais, à l'insu de son chef hiérarchique, l'âme profondément ulcérée. Arrivé dans l'Ardèche après mille périls, il se mit en rapport avec Claude Allier, qui exerça sur lui une influence considérable mais funeste et le présenta aux membres du comité de Jalès, presque tous mis hors la Toi mais protégés contre les agents du pouvoir central par la complicité des paysans.

Saillans commença à parcourir toute la région pour juger par lui-même des forces dont pourrait disposer l'insurrection. Il ne se fit pas illusion sur le peu de profondeur d'une émotion toute superficielle ; il put se rendre compte de l'irritation causée parmi les royalistes par la ridicule échauffourée de Mende et du mauvais emploi fait des sommes considérables envoyées de Coblentz au camp de Jalès. Il dut s'occuper sérieusement d'achats d'armes, de munitions et de vivres, achats complètement négligés jusqu'alors. L'exaltation des esprits était à son comble ; les membres du comité permanent, impatients de tout retard et irrités de l'absence du comte