Bitef

Le BITEF porte cette année le cachet visible du 21° siècle. Des décennies se déversent l’une dans l’autre et dans les arts les époques sont fréquemment comptées en décénnies. Au siècle dernier ce fut l’expressionnisme, le surréalisme, le théâtre de l’absurde, le postmodernisme théâtral... A en juger d’après le 39° BITEF il est clair ce qu’est le 21° siècle au théâtre. Ce n’est point le fait du hasard, car nous y sommes déjà, au milieu de la première décennie du siede. Il n’est pas facile de définir les caractéristiques de cet art, mais elles son j certes différentes de ce que nous avons eu l’occasion de voir au siècle précédent. Mais, quand le public aura vu iM les spectacles de Goebbels, Po- 1 • llesch, Alvis Hermanis, DVB, Anne Щй Teresa De Keersmaeker, Diego de Brea, Zurovac, des Suisses Metzger, Zimmermann et Perrot, il ne man- щ quera pas de remarquer certaines car- \ actéristiques principales du théâtre du 21° siècle. Une recherche courageuse des formes nouvelles, autrefois téméraires, même pas plaisantes pour certains, car cet art ne flatte personne. Puisqu’il s’agit d’un art audacieux, à la limite des expressions scceniques les plus différentes, j’ai tenu à présenter non seulement les meilleurs exemples de cet art dans le monde, mais qui soient aussi du plus haut niveau professionnel. Ce ne sont pas des expériences, ce sont les résultats. Quand BITEF a souligné il a y deux ans la thèse hypothétique de Brecht „L’avenir du théâtre est dans la philosophie“, j’ai eu, certes, des doutes quant à sa vérité absolue. Aujourd’hui il me semble que les spectacles du Bitef de cette année se rapprochent surtout de la philosophie, sans être pour autant moins du théâtre.

A LA TRACE DU CONTE DE FÉE ET DE VANTI-CONTE DE FÉE

Les contes de fée entendus dans mon enfance cachent des significations plus profondes que les vérités apprises de la vie. Schiller Le 39° Bitef marquera à sa manière le bicentenaire de la naissance du grand auteur des contes de fée Hans Christian Andersen (1805-1875), que chacun de nous s’est approprié dans l’enfance comme son auteur, Д les créateurs de théâtre du Bitef également. Mais la vie n’étant pas un conte de fée, le théâtre »non plus, le soustitre du Bitef est donc A la trace du conte de fée et de l’znzi-conte de fée. Directement inspirés par Andersen tel est le spectacle venant de son pays natal, le Danemark, de P notre ami de longue date et grand artiste Eugenio Barba Le rêve d’Andersen, aussi bien que notre spectacle a la recherche du conte, mais aussi de l’anti-conte, No name: Blanche-neige du jeune Boyan Djordjev. Les autres spectalces comportent des éléments de tendance éternelle de l’artiste vers l’impossible, vers le conte de fée des adultes, mais aussi de la confrontation avec ce qui est tout ce que’on veut, mais certainement pas un conte de fée. Deux des spectacles encadrent le programme de cette année. Ce sont des spectacles „de qualité exclusive, tout en étant de l’art pour tout le monde“, comme Jean Vilar le disait: Foramen magnum du fameux Kiboutz théâtre d’lzrael et Douar, i conte de fée urbain, particulier, rêve hip-hop des gars des A faubourgs de France et d’Alger. Л C’est à Andersen que Bitef au cinéma est consacré, ainsi fe j que tous les ateliers de cette année, tous les séminaires, sym- Щ posiums, expositions, donc tout ce qui accompagne le a courant principal du Bitef. 4 Jovan Cirilov Directeur artistique et sélecteur