Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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voir en lui des idées de libéralisme qui l’effarouchaient tout autant. Ne l’avons-nous pas vue dire à Grimm qu'elle ignore si Sénac est «comme tous ses amis, démagogue ou royaliste. selon ses anciennes charges ? » Ne la voyons-nous pas railler Sénac de Meilhan sollicitant des titres et des distinctions, sous le prétexte qu’ils sont « incompatibles avec l'égalité » établie en France? Il est donc permis d'affirmer que si la Tsarine ne fit pas un meilleur accueil à Sénac de Meilhan, ce fut aussi parce qu’elle devina en lui l'ami des constitutionnels. En1791et1792, aux yeux de Catherine, les Princesétaient les seuls représentants de la monarchie française.

Il faut dire enfin qu’elle ne trouva pas en Sénac de Meilhan la docilité de caractère et la souplesse d’esprit qu’elle avait jugées nécessaires pour la conception d'une histoire de la Russie, où plus d’une fois la vérité eut dû être sacrifiée à l’orgueil national. :

Cet ensemble de faits et d’impressions amenèrent Catherine à se débarrasser de ce visiteur importun et à se dégager des promesses qu’elle lui avait faites. Il est même surprenant que la souveraine ait montré une telle patience aux obsessions dont il l’accabla. Toujours est-il qu’elle lui fit une pension, qu’elle lui donna des gratifications à plusieurs reprises, et qu’elle plaça un de ses fils au département des Affaires Etrangères. Elle lui fournit enfin tous les moyens matériels et intellectuels de composer son histoire.

Sénac de Meilhan reprocha à l’Impératrice de ne pas. lui avoir fait un accueil plus empressé. Que pouvait done être l’accueil d'une souveraine pour un étranger qu’elle