Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

MÉMOIRE SUR LA RÉVOLUTION 359

en France l'autorité du roi ; elle redoutedéjà que lesidées nouvelles ne fassent le tour del'Europe ; — aussi conviet-elle l'Europe monarchique à une action prompte et vigoureuse. À son avis, la noblesse n’est pas assez puissante pour, à elle seule, relever et protéger le pouvoir royal. La monarchie des Bourbons devra s'appuyer sur les Parlements et sur le clergé ; ceux-ci seront les s0lides soutiens du trône restauré. A cet effet, dit-elle, l'autorité du pape doit être ménagée, car elle est une grande force dans un pays catholique romain comme la France. De même, une infinité de personnes et de familles étant attachées aux anciens Parlements, — et ceux-ei, a-t-elle écrit à Grimm, « tiennent à la monarchie, » — il convient de les attirer par des appâts et de les retenir par de sages concessions.

Mais il ne suflit pas d’écraser « l’anarchie, » de supprimer « les avocats et savetiers, » les « imposteurs, » les « scélérats, » les « bandits, » qui se sont emparés du gouvernement ; il ne suffit pas de restaurer le pouvoir monarchique ; il faut encore lui donner du prestige et lui fournir les moyens de se maintenir.C'est ici que l’esprit ingénieux de la Tsarine se donne libre carrière ; c’est ici que se révèle encore la souplesse de l’homme d'État qu'il y aenelle. Les règnes d'Henri IV et de Louis XIV, — nous savons l'admiration qu'elle a pour eux, — devront servir de modèles à l’autorité royale, si celle -ei veut administrer sagement le royaume et réparer les pertes qu'il a faites. Mais il ne suffit pas de ces grands exemples; une situation nouvelle exige des moyens extraordinaires : opportunisle avant que le mot