Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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ait été mis à la mode, Catherine a le bon sens d’estimer que le pouvoir restauré ne peut pas gouverner contre l'esprit du siècle. « Le cri de liberté, » dit-elle, est général dans la nation. Elle en conclut qu'il devra être satisfait à ce vœu unanime de liberté par de « bonnes et sages lois ; » le plus prudent pour l’autorité royale sera de s’en tenir à un esprit de modération et de « juste milieu » fait pour satisfaire tous les partis à la fois. La grande autocrate du Nord que nous avons vue aussi dure pour les constitutionnels que pour les Jacobins et les régicides, conseille done aux Bourbons de faire des concessions à l'esprit moderne! Voilà une étrangeté que la mobilité d'esprit et la souplesse de caractère de la grande Tsarine, unies à un sens pratique sans pareil, peuvent seules expliquer.

Nous appuyons ici sur ces plans et ces vues de la souveraine, parce que le cadre de notre travail ne nous avait pas encore permis de nous y arrêter. Est-il permis de dire que ce libéralisme résigné de la Tsarine rappelle en quelque façon l’enthousiasme philosophique du temps jadis ? Le libéralisme de l’ancienne amie des philosophes est bien éteint; mais parfois une étincelle jaillit de la cendre encore chaude, et cette étincelle éclaire le monde. Dans un mouvement de sage libéralisme Catherine convient done qu'il faut avoir égard #* au eri général de liberté; » mais elle n’en dit pas de même de l'égalité; nous retrouvons iei sa haine contre le principe égalitaire. C’est « afin d'écarter la pensée d'égalité parfaite » que toutes les personnes d’un rang