Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

MÉMOIRE SUR LA RÉVOLUTION 361

supérieur ne devront, dit-elle, se montreren public que vêtues en grande cérémonie, décorées et parées… |

Accessoirement, il sera permis de remarquer dans ce Mémoire, — à côté de formules, sinon neuves, du moins justes et sensées, comme celle-ci : « Depuis que le monde est monde l’ordre a pris le dessus sur le désordre, » — la véhémence avec laquelle Catherine s'élève contre tout ce qui touche à la Révolution, et les termes qu’elle emploie pour parler de la famille royale, de l'action des « Émigrés, » de « l'esprit léger et volatil » de la nation française, du découragement et de la lassitude des Princes et des Émigrés. C’est parce qu’elle voit les Princes et les Émigrés découragés et inactifs qu’elle commet l’exagération de dire : « Toute la France est malade de découragement, » quand au contraire la France est frémissante d’espérances. Mais nous savons que pour Catherine, la France était dans le camp des Émigrés. Comme on voit, dans ce Mémoire de dix pages la Tsarine ne néglige aucun avis; elle met en œuvre tout ce que son génie créateur et sa vigilance lui dictent; et elle met à dire ces choses l'accent que nous lui connaissons. Le côté matériel de cette expédition, à laquelle elle convie les puissances, n’est même pas négligé. « La cause du roi de France, dit-elle, est la cause de tous les rois, » el elle n’oublie qu’une chose : c'est de promettre son concours. À son avis, un demi-million suffit pour opérer cette descente de 10.000 hommes en France et pour y relever la monarchie; Gènes fournira facilement ce demi-million, et la France est assez riche pour ac-