Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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entière, sinon celle de Butré. On dirait que, désireux de fuir le bruit des paroles discordantes, auxquelles allait succéder bientôt la voix du canon, notre philosophe s’est renfermé de plus en plus dans le cercle étroit de ses occupations agrestes, se Consacrant tout entier aux arbres, qui acceptaient plus volontiers sa tutelle que les hommes d'Etat de toutes les nuances. En novembre 1790, il fait un nouveau voyage en France, mais c’est encore pour chercher des cerisiers et des pêchers à Montreuil et Vitry ; naturellement il a dû s'occuper d’autres choses encore à Paris, car on ne saurait employer quatre mois à marchander des arbustes, mais nous ignorons absolument ce qu’il y put faire dans cette saison d'hiver, et il ne nous reste rien de sa correspondance pour cette époque. Nous apprenons seulement la date précise de son voyage par le billet qu’il écrit à son propriétaire, afin de le prévenir de son retour. « Paris, 27 février 1791.

«Je pars, monsieur, demain matin, pour me rendre à Strasbourg, où j'arriverai vendredi soir par la diligence. Je vous prie de vouloir bien dire à Feldene * de s’y trouver pour aider à venir chez moi. Je compte que nous arriverons à 6 heures du soir au bureau, à la Pomme d’or *. En attendant le plaisir de vous voir, recevez les assurances de mon sincère attachement.

« Burré. « Bien des amitiés chez vous. »

Cette courte missive est la première d’une longue série de lettres adressées à l’honnête maître charpentier, Daniel Fritz, qui devint peu à peu son ami et le resta quand le vieux baron,

* Velten, c’est-à-dire Valentin, sans doute un des domestiques de Fritz. * Auberge alors célèbre de la rue d'Or, aujourd’hui disparue,