Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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Grands-Capucins, à Strasbourg, plutôt que d’habiter son logement de Carlsruhe, qu’il conservait toujours.

Après avoir séjourné à Ettlingen jusqu'à la mi-septembre 1791, comme l’atteste un billet émanant d'un secrétaire du baron d’Edelsheim, en date du 11 septembre,’ il avait établi son domicile en Alsace; cela ressort d’une lettre du majordome d'Ettlingen, nommé Lavigne, qui lui expédiait par exprès, sur sa demande, un «petit sac,.avec deux clefs, une serpette, un couteau, des ciseaux et une scie, le tout bien conditionné » à son adresse de Strasbourg.® Il y semble avoir séjourné jusqu’en novembre et avoir repris le chemin de Paris à la fin de ce mois, pour y faire de nouveaux achats, et y demeurer pendant les mois de décembre et de janvier. Il y était encore, tn tout cas, dans les premiers jours de février, car c’est en date du 4 de ce mois, qu’il adressait à son ami, le ministre d’Edelsheim, la curieuse lettre qui suit et qui est une véritable profession de foi d'indifférentisme politique. Elle pourrait sembler dictée, au premier abord, par des considérations d'intérêt personnel, mais ce serait, nous le croyons, faire injure à celui qui l’écrivait; toute sa carrière subséquente, comme sa correspondance antérieure, montrent bien qu'il se regardait comme citoyen du monde plutôt que comme patriote français.

1 Ce billet est intéressant puisqu'il atteste l’affabilité des relations personnelles qui subsistaient à cette date entre le ministre et Butré.

« Monsieur, obligé d’envoyer.les feuilles de Paris à Son Excellence, je n’ai pu vous faire parvenir celles arrivées depuis l’absence de M. le ministre.

« Quant à celle-ci, j’ose vous prier de l’adresser à S. Ex., à la Maison Rouge, à Francfort et de la lui faire parvenir par le courrier de ce soir.

« J'ai l'honneur de vous remercier encore infiniment de la bonté que vous eûtes de me donner de vos gouttes rouges et vous renvoie le flacon. Agréez, etc.

« Votre très-humble et très-obéissant serviteur, « GRoos. >

> Lettre du 26 septembre 1791.