Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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On peut supposer que le ministre bienveillant et légèrement sceptique, qui reçut ces conseils, haussa les épaules en lisant ces singulières idées sur la meilleure façon de défendre le pays contre une invasion étrangère, et lui conseilla de cultiver dorénavant ses jardins, sans s’occuper de stratégie. À son retour à Ettlingen, Butré se mit au travail avec un zèle des plus louables pour un vieillard valétudinaire ; nous pourrions le suivre pas à pas, durant ces derniers mois de son activité officielle, grâce à un journal minutieux sur les « Plantations et travaux à Ettlingen, 1792 » qui s’est conservé dans ses papiers. Sauf un séjour de deux jours à Carlsruhe, deux apparitions de quelques jours à Strasbourg, et un voyage d’une huitaine à Francfort, il ne bougea pas d’Ettlingen, du 6 mars, jour de son arrivée, jusqu’au 17 septembre, moment de son départ. Ce qu’il a planté de pommiers et de cerisiers, de chevreuses tardives, bourdines, calvilles, madeleines, griottes et autres, sans compter les radis, les rosiers et les petits pois, dans le cours de cet été, ferait l'admiration d’un arboriculteur de profession.’ Par tous les temps, nous le voyons dehors, poussant ses jardiniers au travail, leur donnant l’exemple, triturant ses terreaux, remaniant ses fumiers, faisant creuser les fondements de nouveaux murs pour y disposer ses espaliers, comme s’il avait pressenti que bientôt il devrait quitter ces «enfants chéris», comme il les appelait lui-même. Le 17 septembre il notait dans son journal: « Les maçons ont monté la porte du nouveau jardin, ce qui a duré toute la semaine, qui a été tous les jours de la pluie. Les journaliers

France, par rapport à ses finances, et dirigée contre l’ancien ministre des finances, M. de Calonne, et contre les brochures qu’il écrivait dans l’émigration. Cette pièce, absolument économique, est imprimée à Paris, chez Gorsas, auteur du Courrier de Paris dans les quatre-vingt-trois départements.

111 y en avait plus de deux mille cinq cents au moment de son départ. Taille raisonnée des arbres fruitiers, p. 66.