Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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ciaires ; la justice badoise d’alors était assurément consciencieuse, mais elle ne fonctionnait pas à bon marché. Le pauvre Butré, qui ne devait rien en équité, sinon en droit, puisqu'il y avait eu force majeure, voyait donc tout son avoir (sauf ses livres, qu’on avait eu la compassion de mettre de côté) perdu et de plus il restait débiteur de l'Etat badois pour une somme de 20 florins 52 kreutzer. C'était ce résultat final désastreux que lui annonçait enfin une lettre de M. d'Edelsheim, datée de Rastatt, 9 février 1798.

« J’ai assurément bien des excuses à vous faire, monsieur, du long retard de ma réponse à quelques lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, dont la dernière était datée du 9 décembre de l’année passée. Cependant je ne vous entretiendrai pas maintenant des raisons et empêchements qui ont causé ce délai, mais je passerai aux renseignements que vous m'avez demandés, monsieur, relativement aux effets que vous avez laissés en quittant notre pays, tant à Carlsruhe qu’à Ettlingen. Vous trouverez au pli les éclaircissements de notre conseil aulique sur l’arrangement qu’il s’est vu obligé de faire, sur l'instance de vos créanciers, au sujet de vos dits effets, pendant votre absence, avec un état, actif et passif (quoiqu’en bloc), tel qu’il a été trouvé.

« Je dois vous demander en même temps votre déclaration, monsieur, si vous préférez de dégager vos livres, que l’on n’a pas estimés, ainsi que le peu d’effets qui se sont encore trouvés à Ettlingen, évalués à 126 f. 5 kr., en acquittant les 146 f. 51 kr. dûs encore d’après cet état, ou bien si vous préférez qu’on les fasse également vendre juridiquement, tel que les lois du pays le prescrivent. Il reste en outre quelques estampes et une coiffe de filet de soie cramoisi, dont je présume que vous ne voudrez pas vous défaire et que je me propose de vous envoyer à la première occasion qui se présentera.

« Au reste je joins bien sincèrement mes vœux aux vôtres,