Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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monsieur, que, jusqu’au printemps tout soit pacifié de manière à assurer à jamais le bonheur et la plus constante quiétude à l'humanité entière. Elle en a partout bien besoin et notre pays en particulier ne se remettra pas d’un demi-siècle de tout ce qu’il a souffert pendant cette guerre désastreuse...

« Ma présente carrière, ici, au Congrès, me prive de toutes les jouissances domestiques, en m'en tenant constamment séparé, et cela déjà depuis près de trois mois. Aussi ai-je bien le dessein de me retirer à Budesheim,' dès que la paix sera faite et que les choses auront repris tant soit peu une consistance supportable. En attendant j'ai l'honneur d’être bien parfaitement, monsieur,

« Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

« EDELSHEIM. »

Butré voyant que le ministre ne se pressait pas de lui répondre, avait jugé prudent d'intéresser à son sort une influence toujours grandissante à la cour du vieux margrave, son épouse morganatique, la comtesse de Hochberg. Lié d’ancienne date avec la jeune compagne du prince, il espérait sans doute qu’elle appuierait auprès de Charles-Frédéric sa demande de retour, dans l'intérêt même des plantations d'Ettlingen. Il lui écrivit donc en décembre 1797 :

«.... À présent qu’on va délibérer pour savoir si on ne s'amusera plus à égorger des hommes, ceux qui ont ces abominations-là en horreur, parce qu’ils n’ont pas tout à fait perdu les sentiments de justice essentielle et de fraternité générale que le moteur éternel avait intimé dans nos âmes pour faire du globe terrestre un séjour de bonheur, pourront enfin se communiquer. C’est dans ces douces espérances que je désire cultiver les liaisons d'amitié que vous m'avez témoigné et

1 Budesheim était un village de Hesse-Darmstadt, où M. d'Edelsheim, originaire du comté de Hanau, avait sans doute ses terres héréditaires.