Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

Il

Comment le paisible habitant des bords de la Loire se vit-il amené subitement à quitter sa patrie pour vivre durant de longues années sur la rive gauche du Rhin? C’est encore un problème dont la solution ne peut être que devinée pour le moment, toute la correspondance des années 1767 à 1774 étant absolument perdue. Voici pourtant comme on peut raisonnablement l'expliquer par conjecture.

Nous avons dit que les physiocrates s’occupaient surtout du bien-être matériel des peuples. A ce titre ils devaient être bien vus par les princes réformateurs du xvir siècle, qui les considéraient presque comme des alliés contre les révolutionnaires philosophiques, et qui s’efforçaient sincèrement, en partie du moins, d'améliorer le sort de leurs sujets.

Parmi tous les souverains, grands et petits, de cette époque, aucun ne prenait plus à cœur sa tâche de «père du peuple » que le digne margrave Charles-Frédérie de Bade-Dourlach. Egalement désireux de s’instruire lui-même et d’instruire les populations soumises à son autorité, le futur premier grandduc de Bade à mérité de passer, pendant son règne exceptionnellement long (1746-1811), pour le modèle des princes de son temps. Souverain d’un pays trop petit pour jouer un rôle politique et pouvant se consacrer ainsi tout entier aux travaux de la paix, il s'était appliqué, dès le moment de sa majorité, à diminuer les charges de l'Etat. L’un des premiers il avait étudié le système de Quesnay et avait été séduit par