Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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novembre 1801 nous ne le voyons plus résider dans cette demeure, et chercher ailleurs un toit hospitalier pour y reposer sa tête, abandonnant son hermitage aux soins peu scrupuleux d’une fille du village et de ce Breu, déjà nommé, qui dans ses billets se qualifie, fort improprement, semble-t-il, d'ami de Butré.

Le logement de la rue des Bestiaux, qu’il dépeignait, naguère encore, à M. de Lange avec tant de complaisance, ne lui plaisait plus, soit qu’il fût en froid avec Daniel Fritz, soit que, réellement, les courants d'air hibernaux y fouettassent trop douloureusement ses rhumatismes. Mais où chercher un refuge ?

La première pensée du vieillard fut de tenter encore un effort du côté de Carlsruhe. Désespérant de rien obtenir par ses lettres, il se faisait délivrer, le 8 messidor, an IX (27 juin 1801), un passeport à la préfecture de Strasbourg, pour l’Allemagne!. Ce document est visé, à la date du 25 messidor, par le chargé d’affaires de la République française, en résidence auprès du margrave, par le citoyen Massias. Butré a donc été véritablement à Carlsruhe, mais il faut bien que cette démarche humiliante (car enfin c'était en mendiant qu’il y venait) n’ait point abouti. En effet, il n’en est point resté d'autre trace dans sa Correspondance qu’une lettre au baron Louis d'Edelsheim, devenu conseiller dirigeant des affaires étrangères de la principauté, et écrite à l’occasion de la mort subite du prince héréditaire, Charles-Louis de Bade, arrivée pendant un voyage en Suède *. L’absence de toute sollicitation personnelle montre

? Voici le signalement du citoyen Butret : jardinier artiste, natif de Tours. Hauteur : 1°,78. — Cheveux et sourcils : gris. — Yeux : bleus. Front : dégarni. — Nez: aquilin. — Visage : oval. — Menton : rond.Age: 76 ans.

? La mort subite du prince, près d’Arboga, en décembre 1801, durant un voyage dans les contrées du Nord, est restée, pour beaucoup, l’un de ces évènements mystérieux auxquels se rattachent dans l’imagination