Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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Elle voudra bien permettre que je lui offre mes vœux et le profond respect avec lequel je suis, etc. »

Nous ne savons plus rien de Butré pour les mois qui suivirent ; replié sur lui-même, l’octogénaire attendait la mort, qui se refusait à le prendre. La lettre suivante, adressée à la comtesse de Hochberg, est de la fin de année:

« Je voulais aller faire mon compliment à M: l’Electeur de Bade et lui témoigner toute la satisfaction que j'en ressens, mais mes forces ne me le permettent pas, après avoir été quatre mois auprès d’un fourneau, je ne puis que me traîner à peine et végéter bien faiblement. Je vous prie de vouloir bien être mon interprète auprès de Son Altesse Electorale ‘; personne ne mérite mieux cette dignité qu’un aussi digne prince qui est le plus instruit et le plus éclairé de tous les souverains d'Europe. Puisse-t-il en jouir de longues années pour le bien et l'avantage du pays qu’il à à gouverner !

« Je lui ai toujours été et je lui serai sans cesse entièrement attaché ; c’est avec ces sentiments profonds que le lui présente mes respectueux hommages. Je vous prie de recevoir les assurances de toute ma reconnaissance pour les bontés dont vous avez bien voulu m’honorer et dont je suis pénétré. »

Il répétait à peu près les mêmes idées, et dans les mêmes termes, en écrivant, le 18 décembre 1803, au ministre d’Edelsheim *. Il s’informait, en outre, de la manière dont il aurait à toucher sa pension pour le second semestre de l’année courante. Sa lettre se termine par un soupir douloureux: « Je suis à présent sans pouvoir quitter la chambre. C’est une terrible chose que d’être vieux, valétudinaire, souffrant, et

? Le margrave de Bade venait d’être élevé à la dignité d’Electeur, à la suite du traité de paix de Lunéville, par l’une des clauses du Reichsdeputationshauptschluss de la Diète de Ratisbonne, du 25 février 1803.

? Nous disons ministre, parce qu'il en exerçait les fonctions ; en réalité il n’obtint le étre que plus tard, en 1807.