Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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M. de Butré ne séjourna pas longtemps à Carlsruhe, après y être revenu en automne 1784. Dès le 8 novembre nous le voyons reprendre le chemin de Strasbourg,' et s’y installer pour quelques semaines. Il s’y occupe principalement des préparatifs du grand voyage qu'il médite de faire à la capitale et à ses propriétés de Touraine, après avoir demeuré près de sept ans à l'étranger. Enfin tout est prêt, sa malle achetée et remplie de beaux habits neufs? son cabriolet réparé, son domestique arrivé, et le 30 décembre il quitte l’Alsace pour arriver à Paris le 4 janvier 1785. Nous ne sommes que fort imparfaitement renseigné sur le séjour qu'il fit, soit à Paris même, soit dans ses environs immédiats, soit encore dans ses propriétés riveraines de la Loire, et qui, dans son ensemble, dura près de six mois. Nous voyons, par quelques feuillets des comptes de cette époque, venus jusqu'à nous, que Butré vivait fort simplement et passait une bonne partie de son temps en visites à Montreuil, sans doute pour s’y perfectionner en arboriculture. Il partit pour Tours en mars, afin de vérifier en personne l’état de ses domaines.’ À son retour il demeura

1 Narrant la biographie d’un économiste, nous ne craindrons pas de joindre çà et là en note certains chiffres, tirés des comptes de Butré, qui peuvent renseigner sur la vie matérielle d’alors. Le voyage de Carlsruhe à Strasbourg lui coûtait d'ordinaire 27 à 30 livres, et se faisait en deux jours.

? Sa malle coûtait 50 livres; sa garde-robe comptait entre autres, un habit de castorine (84 L.), un habit bleu uni (76 1. 10 sols), un habit bleu brodé (97 L. 4 s.), une veste-culotte de drap bourbon (57 L. 18 s.), une veste de coton bleu et or (39 L 8 s.) et une culotte de satin noir (36 1.)

$ Etat de mes meubles et effets dans ma maison de La Grotte, mars 1785.