Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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Ajoutons tout de suite, pour n'avoir pas à y revenir, quelques indications sur les derniers moments de cette société, si florissante pendant plusieurs années. La vogue continue encore pendant toute l’année 1788; parmi les initiés d'alors nous relevons le nom du comte de Parr, chambellan de l’'Empereur, celui du comte de Brübl, de Dresde, celui de la duchesse de Wurtemberg, de la douairière de Flachslanden, ete. Mais déjà des symptômes ficheux montrent la crédulité publique en baisse. Le conseiller aulique Bæckmann écrit de Carlsruhe pour signaler avec indignation un entrefilet des Siaatsanzeigen du professeur Schlæzer, de Gaœttingue, qui raconte qu'un des médiums les plus accrédités de Strasbourg, Mie Stamm, vient d’accoucher de deux 8r0$ garçons; un autre correspondant de journal a parlé « des scènes indécentes qui se passent au Salon magnétique ». Ne faudrait-il pas réfuter de pareilles accusations ? Un peu plus tärd le comte de Lützelbourg écrit : « Cet imbécile d'Oberkirch a forcé sa femme à faire rayer son nom du tableau. » D'ailleurs le charme de la nouveauté est passé, les Etats-Généraux vont se réunir; d’autres préoccupations assiégeront désormais les esprits de cette noblesse désœuvrée, humanitaire et généreuse parfois, mais toujours avide d'émotions nouvelles; la Révolution va leur en fournir de si violentes que la Société des Amis réunis pourra sombrer Sans qu’on songe seulement à en signaler la tin.’

? Nous n'avons pas besoin de répéter ici que tous ces détails sont empruntés au volumineux dossier de la Bibliothèque de l’Université. Avant de quitter ce sujet, nous copierons encore, comme spécimen de la prose de ces disciples de Mesmer, un fragment de la lettre d’un inconnu, adressée au comte de Lützelbourg, datée de Paris, 15 avril 1787 : « Ceux dont l'imagination lourde pèse en relation de leurs sens indolents, ceux-là ne jouissent pas; ils approchent trop de la matière, ils y tiennent par tous les côtés. S’ils sont moins malheureux, quelquefois, souvent, très-souvent, ils n’ont pas nos voluptueuses et saintes jouissances. Le bonheur dont ils sont susceptibles de jouir — quel triste bonheur! — ne vaut pas les larmes que nous versons sur n08